Le viel homme et le chien

Depuis longtemps, je ne sais pourquoi, je suis passionnée par les roses...
Pas une vraie passionnée, je n'y connais rien en variétés, et je ne savais même pas tailler un rosier...
Chez maman, il y avait bien quelques rosiers... mais pas assez prolifiques à mon goût... Et c'était les siens, pas les miens...

Mon 1er tatouage est une rose rouge...

Depuis longtemps, j'attends d'avoir un jardin pour y mettre des rosiers... mais j'attends encore mon jardin.
Lorsque je suis arrivée à Rodez, mes beaux-parents m'ont offert un rosier. Mon premier rosier, que je me suis empressée de planter, et que j'ai surveillé semaine après semaine... traquant les pucerons et les chenilles qui voulaient s'y installer...

Il y a quelques jours, j'ai reçu un appel téléphonique de Nathalie... C'est mon ancienne voisine... Nous avions acheté nos appartements respectifs à 15jours d'intervalle. Nathalie est arrivée avec Stéphane... Et en deux ans, Léanne puis Pauline sont nées....
Bizarrement, lorsque nous avons annoncé notre départ pour l'Aveyron, Steph et Nathalie avaient aussi pris la décision de partir et vendre leur appartement... Mais pour l'instant ce n'est pas encore fait, Nathalie continue à venir chercher son courrier régulièrement car la petite famille est déjà installée dans son nouveau logement. Ces allées et venues lui permettent d'avoir des nouvelles de la vie de l'immeuble.

Au 4ème étage, en dessous de ce qui fut notre "chez nous", habitaient un vieil homme et un chien... M. W. et Victor le fox terrier... Ils vivaient seuls, et nous avions l'occasion de nous voir, au gré des sorties de Victor, qui jappait de joie chaque fois qu'il sortait avec son maître... Nous échangions quelques mots avec ce monsieur dont nous ne savions rien, sauf qu'il paraissait en bonne santé et vivait sans recevoir de visites...

Il y a quelques semaines, le nouveau propriétaire de notre appartement a commencé à sentir une mauvaise odeur... Et Victor aboyait de plus en plus fort....

Il a appelé la police... qui a découvert M. W., mort, terrassé par un malaise cardiaque depuis plusieurs jours....

J'ai pleuré sans fin... sur l'horreur de cette mort, sur Victor dont je ne sais même pas où il se trouve... Si j'avais été encore là, j'aurais pris Victor avec nous. Mais comment faire à 800km ?
Parce que M. W. avait des enfants... Mais des enfants qui ont visiblement appris par la police que leur père était mort... Qu'est devenu Victor ?????

Je dédie donc ma première rose à vous, M. W. et Victor.... A peine éclose, j'apprenais cette nouvelle, digne d'une histoire de Ron l'infirmier... Ma première rose est morte ce matin...

Comments

[yrreiht]

J'ai aussi été très touché par le décès de notre ancien voisin, grand bonhomme dégingandé avec son parapluie au bras, son bermuda ses chaussures de marche et ses chaussettes, et Victor, dont le premier acte en sortant de l'immeuble était de japper deux coups à la cantonnade, histoire de dire, "faites gaffe, les copains, je suis dehors!". A chaque fois que je croisais M. W. et son Victor à ses basques, je revoyais les scènes des films de Tati, ou se dernier jouait M. Hulot (non, pas Nicolas...) : même démarche, même désintérêt pour la mode et l'aspect extérieur.
Mais pour moi le plus inquiétant (et le plus choquant surtout) est le fait que dans une grande ville, il soit possible de mourir anonymement, sans que personne ne se rende compte de rien dans l'immeuble.
Ce genre de mort sordide est monnaie courante semble t'il... Pourtant la canicule de 2003, avec de nombreux cas similaires devrait nous faire prendre conscience de la solidarité de chacun. Evidemment que l'on ne doit pas être les uns sur les autres à s'espionner, à se fliquer, mais entre l'anonymat absolu et l'ingérance dans la vie des autres, il y a une marge. Dans le cas de notre ancien immeuble, tout le monde connait de vue ses voisins. Pourtant cela n'a pas empêché le drame. Personne ne s'est rendu compte que Victor n'était plus promené plusieurs fois par jour...
A la campagne on aurai été inquiété par cette absence... Même si sans doute il eut été trop tard pour Monsier W., mais cela aurait sans doute évité le côté sordide d'une découverte macabre tardive...
Moi aussi je m'inquiète pour Victor, mais j'ose espérer que ce chien si sympa aura vite retrouvé un foyer. Il ne faut pas désespérer de la race humaine : elle parfois quelques sursauts... d'humanité!!!

[Valériana]

Comme tu le dis Anaïs, il semble que nous ayons toutes les deux une grande sensibilité. Moi aussi pendant longtemps, j'ai pensé que c'était un "défaut", parce que cette hypersensibilité, nous en sommes les principales victimes....
Aujourd'hui, je pense que cette sensibilité, c'est aussi mon caractère, c'est tout simplement moi ! Et finalement, pourquoi ne pas essayer de transformer cette "faiblesse" en atout ?? Comme tu le dis, nous avons parfois la chance de rencontrer quelqu'un qui apprécie cette sensibilité...

[Anaïs]

Merci pour ta réponse Valériana. Je continue à "feuilleter" tes articles et je me retrouve dans certains aspects de ta personnalité comme ta sensibilité par exemple. Moi aussi je me demande si l'on peut être "trop" sensible et si c'est un défaut. C'est sûr que du coup, j'ai pas un coeur en marbre, mais des fois, ce qui peut paraître anodin à certains prend beaucoup plus d'importance pour moi et ce n'est pas toujours facile d'être comprise(s)... J'ai la chance d'avoir un chéri qui me comprends et s'habitue à mes "séquences émotives" que je ne contrôle pas toujours; ça aide.
Merci encore pour ta réponse en tout cas, et pour ton article qui a le mérite rendre hommage à ce vieil homme...

[Valériana]

Merci Anaïs pour ton témoignage, mais toi aussi tu m'as mis les larmes aux yeux... Et je comprends que cette histoire te touche... Mais tu n'as pas à te sentir coupable de décisions parfois stupides d'adultes... Comme tu le dis, tu n'étais qu'une enfant...
Courage à toi...

[Anaïs]

Bonjour,

J'ai cliqué sur ton commentaire sur la page d'Olivia Toja et j'ai commencé à lire ce texte si joliment illustré... et ça m'a touchée aux larmes également parce que ça me rappelle des souvenirs d'enfance assez douloureux. J'avais un chien qui s'appelait Victor aussi, lorsque j'étais petite, mais au divorce de mes parents, nous avons quitté notre maison et notre jardin, et nous étant installées dans un appartement avec ma mère, c'est mon père qui a récupéré mon chien. Mais pour peu de temps car il se battait avec les chiens de sa nouvelle compagne. Et il l'a donc donné à je ne sais qui et je n'ai jamais su ce qu'était devenu mon chien... mon Victor. Et je m'en sens toujours coupable aujourd'hui, même si je sais que j'étais une enfant et que je ne pouvais pas prendre les choses en mains... Ton texte m'a beaucoup touchée et je partage ce que tu peux ressentir, pour ce qui est de l'histoire de ce pauvre monsieur qui a fini dans la solitude et de ce chien dont on ne sait rien...
Bises.